Affaires de l’Ecole fribourgeoise

Par un arrêt de la Ière Cour administrative du 8 juillet 2024, le Tribunal cantonal fribourgeois a rejeté le recours du directeur Frédéric Ducrest contre son licenciement.

Le Tribunal cantonal reproche essentiellement – pour ne pas dire uniquement – au directeur son manque de loyauté et sa défiance envers la Direction de la formation et des affaires culturelles (DFAC), respectivement envers le Service de l’enseignement obligatoire de langue française (SEnOF).

En substance et d’après le Tribunal cantonal, constatant les dysfonctionnements du SEnOF, Frédéric Ducrest aurait dû se taire. Or, ces dysfonctionnements sont avérés, respectivement le Grand Conseil a constaté qu’ils étaient suffisamment établis pour ordonner un audit de ce service.

Cet arrêt pose toute une série de questions par rapport à la liberté d’expression d’un collaborateur de l’Etat. La situation fribourgeoise est paradoxale, pour ne pas dire hypocrite. On autorise les collaborateurs de l’Etat à siéger au Grand Conseil et donc à faire de la politique publiquement. Mais on leur interdit par contre de prendre position à l’interne pour dénoncer des dysfonctionnements étatiques. Comprendra qui pourra.

Le Tribunal cantonal mentionne dans son arrêt ma question écrite du 8 novembre 2023 « Ecole fribourgeoise : Quo vadis ? » en indiquant qu’il « ne peut pas être ignoré que la médiatisation de la présente affaire a donné l’impulsion au dépôt de ces instruments ou en a à tout le moins accéléré le processus ». Cette assertion est choquante. Premièrement, à aucun moment cette question écrite ne mentionne l’affaire de Frédéric Ducrest. Deuxièmement, celle-ci a été déposée au début du mois de novembre, bien avant les premiers articles de presse concernant Frédéric Ducrest. Je ne vois pas sur quoi se base le Tribunal cantonal / le DFAC pour affirmer cela. Cela remet même en question l’indépendance du parlementaire que je suis.

Le soussigné confirme qu’il n’y a aucun lien entre le dépôt de cette question écrite, qui visait à mettre en exergue la dérive de l’école fribourgeoise et le dossier du directeur Frédéric Ducrest. A aucun moment, ma question écrite mentionnait cette affaire. La réponse du Conseil d’Etat – qui ne répond d’ailleurs à rien – confirme malheureusement ce que je dénonçais. Il n’y a aucune introspection et il a fallu malheureusement l’intervention du Grand Conseil qui a voté un audit pour faire la lumière, je l’espère, sur ces dysfonctionnements.

Les dizaines de messages d’enseignants que j’ai reçues après le dépôt de ma question écrite prouvent, s’il le fallait, les difficultés auxquelles fait face l’école fribourgeoise aujourd’hui. Il est bien dommage que le Tribunal cantonal n’ait pas pris conscience de cette situation extraordinaire et n’ait pas considéré Frédéric Ducrest plutôt comme un lanceur d’alerte de cette dérive au lieu de l’accabler pour un prétendu manque de loyauté et de fidélité.

Nicolas Kolly, Conseiller national

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